la presse

une pièce de Georges de Cagliari

La bonté est rare par contre et si la Beauté hisse l'âme, ce devrait être pour faire de nous des distributeurs de bonté, un sourire ici, un mot agréable là, un regard complice, un geste doux. Mal nommer les choses disait Camus, c'est ajouter de la violence au monde. Les poètes n'ajoutent pas de violence au monde. Car ils chantent, font chanter la langue mais ils ne sont pas que des créateurs de verbe, d'images, de rythmes, ils sont des passeurs de réels, de réalité autre, peu ou mal perçue, voire occultée.

 

Le spectacle nous montre bien à travers des poèmes de Neruda, Whitman que nous sommes poussières d'étoiles comme dit Hubert Reeves, nés de la Terre et voués au néant comme espèce, comme monde, comme soleil, comme univers mais ailleurs d'autres aventures auront émergé. Les poètes évidemment nous saisissent dans l'essentiel de notre être, de nos désirs, de nos peurs, l'amour par exemple si bien chanté par Aragon. Sont convoqués Artaud, Char, Prévert, Hikmet et quelques autres pour un tour de la création, de l'univers, de la terre et de l'homme. Georges de Cagliari met en résonance avec finesse ces poètes.

 

Aucune pesanteur didactique dans cette transmutation d'un patchwork en puzzle.

La mise en scène favorise l'écoute par un dispositif évocateur, une voûte étoilée, une brouette remplie de livres, des piles de journaux. La partition musicale est en dialogue avec le comédien, Pierre Margot, lequel utilise un registre varié pour changer de personnage, faire entendre les voix de ces poètes cosmiques.

 

[...]

 

Merci donc pour ce spectacle nous ramenant à la Source.

 

 

Jean-Claude Grosse

 

Et que dire de la mise scène ? Sara Veyron en fait un petit bijou de simplicité et de lumières où la touche musicale accompagne mots et silences jusque dans nos tripes. Voilà ! C’est fini ! J’ai dû rêver ! Pourtant, tiens !… Gorge serrée, paupière lourde d’émotions, je sors du Théâtre, clebs ivre de liberté et de poussières d’étoiles. Le clochard stellaire est un sacré coup de cœur ! Il vous reste peu de temps, allez-y !

Publié dans #poésie, #théâtre, #Avignon - 16 Juillet 2013

 

Voilà un bel hommage à la poésie, à la part du poète qui vit, sommeille en chacun de nous et le poète de l'au-delà soumis à un vrai travail de Sisyphe par le Dieu tout-puissant se heurtant à la liberté de l'homme de ne pas croire en lui, nous invite quand l'épuisement lui vient, à prendre sa relève, à puiser en nous pour trouver, donner au monde et aux autres de la beauté, la part non créée par le Dieu qui n'a pas achevé le Verbe. Le mot beauté étant plusieurs fois prononcé, je n'ai pu m'empêcher de me dire que la mission du poète pourrait être celle d'un pourvoyeur certes de beauté mais aussi de bonté. La beauté existe et nous pouvons la voir partout en tout temps.

REG’ART Le magazine du spectacle vivant

 


« Sous le Pont d’Avignon, on y danse, on y… »

 

Je m’arrête, bloqué par un visage, non pas sur une affiche, non, sur un flyer porté par le vent, bloqué à la muraille… Bon sang, que c’est beau !

Il rejoint ma besace, puis mon bureau hélas ! Le temps d’un oubli involontaire.

Et le voilà qui ressurgit quelques jours plus tard, en bataille au cœur des piles de papier, il titille ma curiosité. Théâtre Au Bout Là-Bas, je connais. Je fonce.

Le Théâtre m’ouvre ses fauteuils confortables. Le « Voyage » va commencer…

On n’entre pas en poésie comme on entre en religion. La poésie revêt une forme de musique de cœur particulière qui demande de l’âme aux mots. Elle est partout, partout en nous, autour de nous. Il suffit d’un rien pour la capter, l’apprivoiser… Elle est source vive de nos rêves, les plus fous, les plus profonds.

Georges de Cagliari le sait, qui est le grand architecte de l’œuvre ! Il réalise l’alchimie parfaite, élégante, spirituelle : sa propre inspiration conjuguée aux poèmes puissants de la littérature. Il en tire une moelle, hum ! Forte et douce, enivrante.

Il a choisi Pierre Margot pour entrer dans la peau du Clochard Stellaire, celui qui nous mène à la source. Ce choix est formidable.

Le comédien endosse avec passion et enthousiasme, la peau de Dieu, celle des Hommes et du clochard « gardien de la voûte céleste ». Il vibre, il éructe, il convainc, il aboie cet homme-là qui aimerait que l’on devienne un peu des clebs libres mais gardiens d’étoiles ! Comme lui. Et sa supplique est tellement merveilleuse qu’à coup sûr, l’étincelle venue d’ailleurs nous poursuivra longtemps dans le regard.

Monsieur, vous avez un sacré talent !

La Provence

 

Il parle, il fulmine, il se met en colère. Il crie également sa détresse. Il vient de mourir et, clochard sur terre il compte bien au ciel s’entretenir avec Dieu sur le sale état dans lequel se trouvent ses semblables. C’est son désir le plus profond et si les questions sont précises, les réponses qu’il obtiendra auront de quoi le surprendre. Car Dieu, s’il doute des créatures qu’il a créées, place la poésie au-dessus de tout. Pour le grand bonheur de notre « Clochard stellaire ».

 

Magnifiquement écrite par Georges De Cagliari, cette pièce métaphysique dont l’écriture très charnelle rappelle celles de Pessoa et Tabucchi, brille par son intelligence et la beauté de son propos. On y parle d’amour, de fraternité, de paix et d’espoir et on y rend hommage aux poètes avec des extraits de Hikmet, Prévert ou Leprest, et on salue surtout la prestation de Pierre Margot. Seul en scène, il campe un inoubliable clochard. Lui aussi est stellaire.

 

Jean-Rémi Barland


Publié sur La Provence

c/o Théâtre du Chaos 2014

Le Comtadin

 

À quoi sert-elle la poésie ? Et ceux qui l’engendrent ? Un scénario : un poète mort dialogue avec Dieu, et surtout avec nous, sa mission étant d’entretenir la voûte étoilée pour qu’elle ne perde pas sa brillance.

À travers ce voyage, la réflexion du personnage mêlée à des passages d’oeuvres poétiques, se déroule tout ce qui constitue la vie, notre vie : l’amour, la mort, les peurs, les joies... Mais plus que tout autre chose, la Beauté !

 

La poésie traverse une crise, c’est certain, mais Georges de Cagliari, l’auteur de la pièce nous la fait découvrir ou redécouvrir avec une simplicité et une intelligence hors pair ! La poésie ici n’est plus seulement des mots, elle devient sentiments, moments, actions, pensées, elle devient une part indéniable de nous ! Une pièce dont vous ne sortirez pas sans éprouver l’émotion forte de pouvoir redécouvrir le monde d’un nouvel oeil, celui du poète !

Pierre Margot interprète le rôle à la perfection, dans un décor à l’atmosphère onirique et en même temps si chaleureux !

Je finirais avec les mots de l’auteur lui-même, qui illustre il me semble cette pièce mieux que toute description : Les poètes sont, dans la part de ciel qui nous habite tous, la poussière d’étoiles dont s’éclaire depuis toujours, le meilleur de l’humanité.

 

Lucie Donat-Magnin

Avignon Off 2013

le

clochard

stellaire